Portrait Agriculteur sans frontière
Céréalier et viticulteur à Arces-sur-Gironde, en Charente-Maritime, Luc Raimond (en tee-shirt vert) aide au développement de l’agriculture au Tchad. Le jeune agriculteur œuvre au sein de l’Afdi (1).
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«J’aime rendre service et m’ouvrir aux autres. » Luc Raimond s’excuserait presque de ne pas savoir dire non. « En réalité, on me le reproche parfois, mais je ne vois pas ça ainsi », dit-il. Le céréalier-viticulteur de Charente-Maritime fait partie des « vrais gentils », sans être « une bonne poire ». Car aider les autres ne relève pas pour lui seulement de son éducation : le trentenaire est habité par une forme de bienveillance et de respect. Une façon aussi d’être honnête avec lui-même. Luc ne craint pas le conflit, encore moins de s’affirmer, et il n’attend aucune contrepartie en échange de ses coups de main.
Engagé volontaire
Pour compléter le trait, son humilité flirte bon avec sa détermination. Résultat : ce passionné d’agriculture et de nature, qui n’a guère voyagé qu’en Belgique, « sur invitation d’un constructeur d’engins agricoles », n’hésite pas à se rendre, comme il irait au champ, à plus de 4 000 kilomètres de chez lui, pour soutenir des collègues africains.
Luc Raimond œuvre au sein de l’Afdi depuis 2014. Le céréalier et producteur de cognac a découvert l’association en adhérant à Jeunes agriculteurs, qui compte parmi ses membres actifs. Vice-président de l’antenne Afdi de Charente-Maritime, il se consacre au partenariat avec le Tchad. « Nous échangeons avec les agriculteurs du pays, explique-t-il. Il n’y a pas d’ingérence. Grâce à des dons et à des fonds européens, nous les aidons à établir et appliquer des programmes d’action sur trois ans, dont ils sont les seuls décisionnaires. »
Quand, en 2017, Luc se rend pour la première fois sur place, dans un contexte militaire tendu, le dépaysement est fort. « Les habitants sont très accueillants, le Tchad n’est cependant pas un pays touristique, raconte-t-il. Les différences culturelles sont énormes. Mais dès qu’on se retrouve entre agriculteurs, c’est le même langage. » L’urgence d’alors pour les paysans du syndicat de jeunes agriculteurs, CEJRLOR, qu’il accompagne, consistait à mieux se fédérer.
Depuis, les échanges se sont surtout poursuivis à distance, en raison de la crise sanitaire. Mais le 9 décembre dernier, Luc Raimond, accompagné de deux collègues des Charentes, a de nouveau gagné le Tchad pour deux semaines. « Du fait des changements climatiques, leurs récoltes sont parfois maigres, explique-t-il. Pourtant, leur joie de vivre et leur esprit d’entraide interpellent. Ils se débrouillent. Certains rêvent de vivre chez nous. Quand je suis seul face à ma paperasse, je me dis, de mon côté, que je resterais bien là-bas parfois. Ce qui me plaît d’abord dans le métier d’agriculteur, c’est de nourrir le monde. Et, autour de cet enjeu, nous nous rejoignons. »
Rosanne Aries
(1) Agriculteurs français et développement international.
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